J’ai toujours été impressionné par ce philosophe grec qui, en se posant la question « pourquoi le ciel est-il noir la nuit? », en a déduit que l’univers était infini. Voila un fait qui existe depuis la nuit des temps et avec lequel nous vivons tous sans vraiment nous en inquiéter. Je me demande combien de faits sont connus de tous et nous passons à coté tous les jours sans en tirer les conclusions indispensables.
Tenez, par exemple, nous savons tous que nous avons consommé toutes les ressources produites en un an par la planète en environ huit mois, et nous vivons donc à crédit les quatre derniers mois de l’année. Le jour où nous commençons à puiser dans les ressources est même annoncé sur toutes les chaines de télévision. Pas vraiment besoin de beaucoup de réflexion pour se rendre compte que si c’était la gestion de notre vie personnelle, nous irions rapidement à la ruine, et que donc, logiquement, nous sommes en train de ruiner la planète.
En fait, la nuit noire n’est pas le seul fait qui permettait au philosophe grec de tirer ses conclusions. De même, la pollution croissante, les ordures qui s’accumulent et de nombreux autres indices viennent corroborer que notre planète court à sa perte. Et, tout comme le caractère infini de l’univers n’était pas d’un grand secours pour nos amis grecs, le fait de savoir qu’il est peut-être déjà trop tard n’est pas d’un grand effet quant’à notre mobilisation pour la planète.
Normalement, à ce stade du débat, l’auteur a le choix entre la chronique d’une mort annoncée ou un discours optimiste sur la capacité de l’homme à surpasser les difficultés et voguer vers un monde meilleur. Chaque camp invective l’autre et les modérés inventent des moyens aussi percutants qu’inefficaces tels que la taxe carbone ou l’économie responsable. Avec en filigrane la question lancinante de savoir si le réchauffement climatique sera de un, deux ou quatre degrés. Alors comment en sortir ?
Tout simplement en constatant que si l’observation de nos amis grecs était juste, la conclusion était fausse : nous savons aujourd’hui que l’univers n’est pas infini. Et qu’il est plein de matière noire justement ! Alors, tout comme les grecs, il faudra probablement deux mille ans pour montrer que nos conclusions étaient fausses …
Enfin si nous vivons juste là !